Villejean résiste aux vio
Enquête

Villejean résiste aux violences

16 Mars 2022


Santé : « Il n’y a pas de travail en profondeur sur la prévention »


Dominique Halbout, médecin - gynécologue, présidente de l’ASVB de 2014  à 2017
Dominique Halbout, médecin - gynécologue, présidente de l’ASVB de 2014 à 2017
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Dominique Halbout, médecin gynécologue, est l’un des piliers de l’ASVB  (Association Santé Villejean-Beauregard). L’association née dans les années 70, réunit une centaine de professionnels de santé. Elle intervient à Villejean aussi bien pour des troubles de comportements d’enfants que l’éducation sexuelle des collégiens ou l’aide aux mamans en difficulté.

Quels ont été les effets du confinement à Villejean ?
Nous avons observé une aggravation des troubles du comportement des enfants. Agressivité envers les pairs, les adultes, auto-agressivité, surpoids, addiction aux écrans. Les travailleurs sociaux et le personnel éducatif ont été hyper sollicités pendant cette période. Des conditions de travail difficiles qui ont provoqué chez eux des symptômes de fatigue, des arrêts de maladie, un turn-over des éducateurs et des instituteurs.
Avez-vous pu aider les enfants et leurs parents ?
Les enfants agités ou en difficulté à l’école doivent être dirigés vers des centres médico-psycho-pédagogique (CMPP). Mais ces centres  sont saturés. Et le temps d’attente moyen pour inscrire un enfant est de deux ans. Cette institution est très demandée car elle prend en charge les enfants gratuitement
Le programme PEPITO, depuis 2018

Quelle alternative proposez-vous aux enfants en difficulté psychologique ?
Nous avons lancé depuis 2018 le programme  PEPITO -Petite enfance prioritaire interventions transversales organisées- Il s’agit d’un diagnostic pour une prise en charge précoce des enfants de 3 à 9 ans, scolarisés dans des écoles du quartier de Villejean et Beauregard. Le passage obligé est un bilan préalable à l’entrée dans le soin. Il coûte 150 à 200 €. Mais selon leurs conditions de ressources, les parents peuvent demander la gratuité. Dès fin avril 2021, nous avons alerté l’ARS de l’insuffisance de notre budget. L’agence a alors doublé son enveloppe. Ce budget a été utilisé pour des séances de suivi psychologique, d’ergothérapie et de psychomotricité.
Comment l’ASVB choisit-elle ces dossiers prioritaires ?  
Via un comité de pilotage constitué de sept soignants qui se réunit une fois par mois. Nous arrivons à gérer certaines situations urgentes par échanges de mail. L’infirmière de l’ASVB accueille les parents. Pendant une heure, elle explique les différents soins et les différents métiers de santé. L’alliance thérapeutique s’installe, un carnet de suivi est donné aux parents qui reprennent espoir.
L’ASVB est engagé dans d’autres domaines : la contraception des adolescentes  notamment. C’est un sujet qui vous tient à cœur.
Oui, je suis médecin gynécologue. J’ai travaillé dans les années 80 au planning familial. Et dans les années 2010, je faisais de l’information auprès des jeunes filles mineures sur la contraception. Ce sujet est sensible. Les jeunes filles ne consultent pas le médecin. On aimerait bien les voir en consultation avant qu’il ne soit trop tard. Certaines passent trois fois de suite à la pharmacie pour demander la pilule du lendemain … 
 

Les bureaux de l’ASVB 7 rue de Normandie
Les bureaux de l’ASVB 7 rue de Normandie
Parler sexualité avec les ados

Comment jugez-vous l’éducation à la sexualité des collégiens ?
L’éducation nationale a un programme scolaire officiel pour parler sexualité avec les ados. Mais c’est dès la maternelle qu’il faudrait commencer. Faire passer des messages comme « Mon corps m’appartient » ou bien « Refuser les violences faites aux enfants » c’est très important. 
Vous travaillez actuellement sur le sujet avec les adolescents du collège Rosa Parks
Oui, nous avons un partenariat très efficace avec le collège, en association avec les  animateurs jeunesse du quartier, le Planning Familial et Liberté Couleurs (note).  Nous intervenons avec les élèves de 3ème sur un rallye « Vie affective et santé sexuelle. »
Un mercredi matin sur le temps scolaire, de petits groupes viennent au cabinet médical. Les élèves se regroupent par affinités, peuvent poser des questions et changer leurs représentations. On leur fait découvrir par la même occasion des lieux de santé et d’information du quartier. Un autre partenariat existe avec le Relais35. Au début des vacances solaires, des boums sont organisées et  un « coin cocooning » est proposé pour sonder les besoins des jeunes en matière d’information.
Vous vous adressez aussi au public des jeunes mamans ?
Une de nos actions concerne l’accompagnement des familles dont la maman est malade ou qui a accouché de jumeaux ou de triplés. Elles peuvent bénéficier grâce à la CAF d’un technicien d’intervention sociale et familiale , TISF.   
L’autre action pour les familles est le projet IDA, l’abrégé de « Investir dans l’attachement ». L’ASVB a répondu à un appel à projet national sur les actions pendant la période des premiers mille jours de la vie. Quand les bébés ont entre 0 et 3 mois, les mères sont quelquefois déprimées. Elles ont besoin de soutien. Ce programme veut soulager la mère et la famille pendant la grossesse et après la naissance. L’association voudrait recruter une personne contact qui ferait le lien dans le quartier entre parents, soignants et éventuels bénévoles.
Quelles sont les principales causes des problèmes de santé des habitants du quartier ?
Les situations de pauvreté. Cela concerne 50 % des familles. Et puis une gestion de la santé à court terme. Il n’y a pas de travail en profondeur sur la prévention. Il manque une volonté politique pour réfléchir à des solutions de santé de  long terme.
Catherine Verger


Mieux connaître l’ASVB
 
 1977 Création de l’association Villejean Santé
 Projet de création d’un futur centre de santé communautaire

 2012 : Création Avenir Santé Villejean Beauregard
 35 professionnels

 2013 : Rapprochement avec l’ARS
 Proposition d’actes gratuits pour les migrants. Projet refusé puis   accepté après modifications

 2017 : Accord conventionnel interprofessionnel avec la CNAM
 Pluridisciplinarité, indemnisation des temps de réunions, création d’un poste pour mise en commun.

 2021 : L’ASVB,
ce sont 4 salariés, 104 membres dont 11 usagers,  25 sites de consultations

 Pour en savoir plus, voir le rapport d’activités
 

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